la
cybersculpture
Malgré les essais de Pierre BÉZIER
en France et de Georg NESS en Allemagne, Il faut attendre l'arrivée
de la micro-informatique pour que la sculpture numérique se développe
véritablement et constitue une pratique artistique à part
entière. Dans les années 80, seules les machines à
commande numérique sont alors disponibles: fraiseuses, découpes
au laser...En France, Christian LAVIGNE définit le concept de robosculpture,
Alexandre VITKINE et Benoît COIGNARD celui d'infosculpture.
Les années 1989-1990 voient apparaître les premières
machines dites de "Prototypage Rapide": il s'agit alors de la stéréolithographie
qui permet de solidifier couche par couche un objet virtuel dans un bain
de résine liquide. Stewart DICKSON aux USA et Masaki FUJIHATA au
Japon créent les premières sculptures utilisant le procédé.
Faute de moyens, Christian LAVIGNE devra attendre 1994 pour réaliser
la première oeuvre française, avec le concours de l'ÉCOLE
CENTRALE de Paris et de l'Association
Française de Prototypage Rapide (AFPR).
En 1992 C. LAVIGNE et A. VITKINE fondent
ARS
MATHÉMATICA, et organisent en mai 1993 la 1ère Exposition
Mondiale de Sculpture Numérique à l'ÉCOLE POLYTECHNIQUE.
Au même moment aux Etats-Unis, Bruce BEASLEY, Rob FISHER et Tim DUFFIELD
fondent THE COMPUTER AND SCULPTURE FORUM.
Les 2 associations finissent par se rencontrer, et décident d'organiser
une seconde exposition mondiale de sculpture numérique sous le nom
d'INTERSCULPT (nom choisi par Ars Mathématica pour désigner
la biennale). Cet événement a lieu en octobre 1995, simultanément
à la Galerie Graphes à Paris et à la Silicon Gallery
de Philadelphia. Un système de visioconférence permet aux
artistes et aux visiteurs de communiquer en direct de part et d'autre de
l'Atlantique; l'utilisation d'Internet permet la réalisation de
la première transmission électronique d'objet d'art, c'est
à dire la première télésculpture
de l'histoire, envoyée depuis les USA par Stewart DICKSON et matérialisée
à Paris sur une machine LOM de prototypage rapide. Car le principe
de base d'INTERSCULPT est d'être un événement vivant,
avec des créations in situ devant le public. Fin 95, lors d'une
conférence à Dakar (Sénégal) C. LAVIGNE propose
le terme générique de cybersculpture
pour désigner des œuvres numériques sculpturales qui sont
ou virtuelle ou réelles, ou les deux.
Un autre domaine de la "computer ou digital
sculpture" (in English) est inauguré au milieu des années
90 par Dan COLLINS aux USA et Benoît COIGNARD en France, avec l'utilisation
des scanners tridimensionnels, c'est à dire des machines qui analysent
et numérisent le relief d'objets ou d'individus. Tandis que D. COLLINS
réalise des autoportraits déformés avec art et humour,
B. COIGNARD révolutionne la restauration des œuvres d'art en scannant
les pièces sur lesquelles il travaille.
En 1997, INTERSCULPT se développe
aussi sur le Web, grâce aux travaux du Pr Derrick WOODHAM qui a créé
un parc de sculptures virtuelles: la zone
DAAP dans ActiveWorlds.
Il est possible de visiter ce parc sous forme d'avatars et de dialoguer
avec d'autres visiteurs. En France, le Président du Sénat,
M. René MONORY, offre une salle de conférence pour la biennale
qui s'est enrichie d'un colloque.
En 1998, on doit saluer la naissance de
FasT-UK,
association créée par le Pr. Keith BROWN de l'Université
de Manchester, et qui regroupe des cybersculpteurs anglophones. FasT-UK
est devenue un participant très actif à INTERSCULPT.
En 1999, à l'ère des imprimantes
3D, le temps des débuts difficiles et des rares pionniers semble
révolu...sauf en France, où C. LAVIGNE se bat depuis 1988
pour pouvoir ouvrir un Centre International de Recherche et d'Enseignement
de la Sculpture, et où A. VITKINE travaille sur un projet d'Atelier
d'Infosculpture depuis 1989, sans aucun résultat de part et d'autre.
Mais ARS MATHÉMATICA persiste dans cette idée, qui a été
reprise avec succès dans les pays anglo-saxons.
L'édition 99 de la biennale s'est
déroulée simultanément à Paris (Mairie du VIe
et Sénat), à Manchester (Université et Museum for
Science and Industry); à Cincinnati (School of Art and Design...Université
de Cincinnati); à Phoenix-Tempe ( PRISM Lab., Arizona State University);
et à Hongkong (Université). De nombreux partenaires de haute
technologie ont aidé au succès de la manifestation. Et plusieurs
artistes américains, anglais et asiatiques sont venus honorer de
leur présence active l'édition parisienne - à leurs
frais, puisqu'à l'ordinaire aucune aide ne nous avait été
accordée.
Quant au récent IS 2001, il a présenté
une dizaine d'événements interconnectés à travers
le monde: aux USA, en Europe, en Asie, en Australie et Nouvelle-Zélande,
événements dont nous allons maintenant donner le détail.
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